Célébration du grand-père

Célébration du grand-père Antoine Parturier, je me souviens, me disait, au hasard de nos haltes :— Roger, souviens-toi de ton grand-père...Alors, c'était comme si les oiseaux de la forêt avaient fait silence.Et lui :— Il a fait le mal. Pourquoi ?Et il hochait la tête. Et il disait une fois de plus :— Pourquoi ?Moi, Roger Gendre, aujourd'hui, qui ai lu des livres, au point que les yeux me brûlent, eh bien ! je ne peux répondre à cette question. Je ne peux répondre ni pour lui, ni de lui. J'imagine... Mon grand-père, l'homme.Hubert Juin Lambert mon grand-pèreIl me reste peu de souvenirs de mes grands-pères sinon qu'ils furent tous deux maçons. De mon grand-père maternel, je me souviens qu'il ressemblait de loin à une casserole raplatie et que massif, il marchait massivement. De près, je le vis trapu ou plutôt court comme si les charges qu'on lui avait plaquées sur le dos l'avaient raccourci pour devenir un carré musculeux dont l'aspect effrayait. Son visage riait en permanence, et sous des yeux d'un bleu nordique, s'ouvrait rarement une bouche édentée, pourrie par les chiques de tabac qu'elle mâchonnait sans arrêt et projetait de temps à autre vers les vis-à-vis en jets de purin.Guy Denis