Cueillir ses rires comme des bourgeons

Coincée six pieds sous terre depuis plusieurs décès qui la laissent fermenter dans la culpabilité, Claire fait semblant de vivre en crachant son acidité à voix basse sur un entourage qu’elle aime gentiment asservir. Lorsqu’elle apprend que son fils a décidé de poursuivre sa scolarité en Inde, elle envisage d’échanger sa maison pour faire diversion. Sur l’île où elle s’est réfugiée, Claire lutte contre le syndrome du nid vide d’une bien curieuse façon tandis qu’autour d’elle se succèdent disparitions inquiétantes et apparitions mystérieuses. « Les contours étaient parfois un peu flous chez elle. Ils ne faisaient pas toujours barrière, ils s’émouvaient facilement de la possibilité de muer, de déménager vers un autre côté. Entre chien et loup, c’était l’heure où ils pouvaient se révéler et où ils scintillaient aussi. C’est ce scintillement mat du cuivre sous la pointe sèche qu’elle avait tout de suite perçu chez Benoît sans pouvoir déjà l’identifier. L’élégance et l’impudeur mêlées du prédateur. »